De nouvelles opportunités économiques en Arctique ?
Alors que s’ouvre la dixième conférence « Arctic Frontiers » se déroulant à Tromsø, dans le nord de la Norvège, sur le thème « Industrie et Environnement », la zone polaire arctique semble plus que jamais dévoiler de nouvelles opportunités économiques, rendues accessibles par le recul des glaces, mais qui profitent peu aux populations locales.
La conférence « Arctic Frontiers », qui se tient du 24 au 29 janvier, est l’une des nombreuses manifestations internationales traitant du développement de cette région, de moins en moins enclavée. Ce n’est pas la seule organisation qui s’attache à cette question, mais, elle se distingue des réunions de l’ « Arctic Council », dont on fête les 20 ans cette année, ou de l’ « Arctic Circle » par le nombre de personnes qu’elle réunit. En effet, cette année, près de 1800 scientifiques, hommes politiques ou encore représentants d’entreprises et d’ONG sont attendus pour débattre de sujets qui n’ont pas beaucoup évolués depuis dix ans mais qui recouvrent des réalités bien différentes. « Course à l’Arctique », « nouvel Eldorado » a-t-on pu entendre au sujet du potentiel pétrolier de l’Arctique. L’abondance de ressources ne suffit pas à compenser les difficultés d’accès, ni les coûts d’extraction nettement plus élevés. Ainsi, l’entreprise écossaise d’exploitation pétrolière et gazière Cairn Energy est rentrée bredouille de la côte du Groenland après une campagne d’un milliard de dollars entre 2010 et 2011, tandis que Royal Dutch Shell a également abandonné ses plans de développement marin dans l’Alaska. Et ce ne sont pas les récents plongeons des prix du pétrole qui vont changer cette tendance. Le développement économique que promeut la conférence « Arctic Frontiers » doit s’appuyer sur d’autres types d’industrie.
Des opportunités économiques qui échappent aux populations autochtones
Selon Polarisk, un institut de conseil géostratégique, le produit régional brut de la zone polaire arctique atteindrait 620 milliards de dollars et serait en constante augmentation. La croissance de la demande énergétique n’est pas la seule explication. La région possède d’importantes ressources minérales encore peu exploitées, comme le zinc, le fer, le nickel, le diamant, le cobalt mais aussi les terres rares ou l’uranium. En outre, le réchauffement climatique ouvre de nouvelles perspectives en termes de transport maritime. Le Canada et la Russie sont aux premières places pour tirer profit de cette nouvelle opportunité. Les routes nordiques (passage du Nord-Est, route du Nord) ne sont, en réalité, pas nouvelles puisqu’elles ont été largement utilisées pendant de la Guerre Froide, avec un pic de trafic dans les années 1980. L’opportunité se situe plutôt dans la praticabilité de ces routes sur une période plus longue que les trois mois estivaux habituels. Si elles servent essentiellement la navigation commerciale, les routes maritimes arctiques participent également à l’essor du tourisme polaire. Ainsi, ce sont plus de 1.5 millions de croisiéristes qui se rendent dans la zone polaire arctique chaque année.
Cependant, l’enjeu de la conférence « Arctic Frontiers » réside plutôt dans l’intégration des populations autochtones aux développements économiques. Ces dernières ne profitent ni de l’extraction des ressources minérales et énergétiques, ni du tourisme blanc qui se focalise sur les zones naturelles et peu sur la découverte des populations indigènes. Sur ces questions-là, les ONG ne peuvent se substituer à un gouvernement. Or, le Canada a annoncé son souhait de ne pas envoyer de représentant politique cette année, une décision qui ne devrait pas ravir les représentants des populations autochtones.